Chers amis,
Voici une lettre d’info importante en lien avec les circonstances du moment. Avant d’entrer dans la technique, je voudrais vous partager un point de vue.
Mardi 17 Mars, vers 14.00. La police se campe au centre-ville. Rapidement les rues se vident.
Ça y est, tout le monde a compris. La pesanteur s’installe. Et pour de très longs jours.
A cet instant, je signais des attestations permettant aux salariés de notre Jardin de Cocagne de venir travailler, car il faut continuer de nourrir. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire la relation avec les laisser- passer des temps de guerre et aux fameux « Plus jamais ça ! », qu’on lâche ensuite …
Mais aujourd’hui, plus jamais quoi ? Le Président de la République, dans ses deux premiers discours, évoque déjà des « certitudes et des convictions à balayer », fait allusion à des changements radicaux qu’il faudra opérer… Mais garde le mystère entier…
Nous contenterons-nous de corriger les conséquences de la concentration productiviste, massive et totalement démesurée qui nous a conduits à perdre le contrôle de l’atome, des feux de forêt, des invasions marines, des changements climatiques, des virus et de bien d’autres choses encore ? S’agit- il seulement de mieux nous défendre ? Ou allons-nous résolument porter cette fois un regard sérieux sur la vétusté du modèle et changer nos priorités ? Et ainsi intervenir sur les causes.
Des voix s’élèvent déjà, d’Emmanuel Macron à Boris Cyrulnik, pour nous inviter à profiter de la vacuité pour lire, jardiner, faire des gâteaux, bref, « saisir le sens de l’essentiel ». Ceux qui continuent de travailler pour rendre service vont presque rater quelque chose !
Viendra aussi très vite le temps des initiatives autant créatives que sympathiques pour combattre la morosité et rehausser notre humanité. Nous rivaliserons d’astuces pour aider les plus vulnérables au confinement. Et c’est très bien.
Viendra aussi très vite le temps des initiatives autant créatives que sympathiques pour combattre la morosité et rehausser notre humanité. Nous rivaliserons d’astuces pour aider les plus vulnérables au confinement. Et c’est très bien. J’invite d’ailleurs chacun à partager cela dans la page faite pour.
Profitons aussi que nos agendas soient grippés pour nous livrer à des pensées assurément plus politiques. Comment construire une société véritablement articulée sur la promotion de la santé ? Comment revoir l’aménagement du territoire, l’urbanisme, la gestion des espaces extérieurs, l’habitat autrement, à l’expérience du confinement et de l’exode hors de villes auquel nous sommes en train d’assister ? Comment organiser des territoires résilients, capables de réunir toutes les forces vives publiques et privées pour répondre de manière articulée aux besoins essentiels des communautés locales, particulièrement en temps de crise ? Comment chaque concitoyen peut être mieux préparé à exercer sa part de responsabilité dans de telles circonstances ? Comment développer la conscience sociale par l’action ?… Comment orienter et développer les politiques d’emploi sur tout ce qui n’a pas de prix et que la crise que nous traversons a au moins le mérite de révéler aujourd’hui ? Ce ne sont que des exemples de questions auxquelles il nous faut répondre.
C’est une nouvelle forme de démocratie, une démocratie sociétale, qui redonne sens à l’engagement, et non plus à la fuite en avant, qu’il nous faut construire.
Nous ne devons plus seulement faire face à des virus, mais à de multiples effondrements. Nous le voyons bien, nous ne sommes pas préparés ! C’est un cocktail d’antidotes à l’anthropocène qu’il nous faut trouver. C’est une nouvelle forme de démocratie, une démocratie sociétale, qui redonne sens à l’engagement, et non plus à la fuite en avant, qu’il nous faut construire.
Je voudrais terminer mon propos par des petits signaux tirés de notre quotidien qui me permettent d’espérer. Une Bioccop qui pense à nous : elle nous propose d’accueillir les paniers des point relais fermés à cause du virus ; des collègues en insertion que la situation familiale oblige à mettre à l’arrêt mais qui demandent surtout qu’on les rappelle en cas de besoin ; des abonnés qui nous remercient de continuer à livrer les paniers … Une commune qui demande à utiliser la monnaie que nous avons inventée pour récompenser l’engagement des volontaires pour ce qui n’a pas de prix, et qui servira à reconnaître les aides apportées aux personnes vulnérables.
La démocratie sociétale peut commencer comme cela,
Dominique Hays
18 mars 2020
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